
19 Juin Le voyage de Ti’grain, tout une logistique du caféier jusque dans la tasse
Je m’appelle Ti’Grain. Je suis un petit grain de café, vert et un peu fripé. Mais ne te fie pas à mon apparence: j’ai vu du pays. Et si j’ai pu me rendre jusque dans une tasse ici, c’est parce que des dizaines de mains m’ont aidé à tracer ma route. Viens, je te raconte…
🌱 Le début : là-bas, au soleil
Je suis né sur les hauteurs d’un volcan, dans une plantation où le soleil tape fort et la terre sent bon la cendre et l’herbe chaude. C’est Maria qui m’a cueilli, d’un geste doux mais précis. Elle m’a glissé dans un grand panier tressé, avec mes frères et sœurs les plus mûrs. « Toi, petit, t’as l’air prometteur », m’a-t-elle murmuré.
Après un bain, une petite fermentation, et plusieurs jours à sécher au soleil, me voilà prêt: encore vert, un peu nerveux, mais excité à l’idée du voyage.
🚛 Le grand départ avec le logisticien
C’est là que j’ai rencontré Jean, le monsieur qui parle fort dans une radio accrochée à son gilet. Il travaille pour un transporteur spécialisé dans la logistique agroalimentaire. Il a dit que moi et mes copains, on allait traverser l’océan.
Jean nous a chargés dans un conteneur, soigneusement ventilé, à température contrôlée. Il nous a expliqué que le café vert est fragile, qu’il n’aime ni l’humidité, ni les écarts de température. Son boulot, c’est d’optimiser les trajets, les escales, les délais. Bref, nous faire voyager dans les meilleures conditions possibles.
« On n’est pas là pour faire du tourisme », a-t-il plaisanté en fermant les portes.
⚓ Un bateau, un port, et un dédouanement
Après plusieurs semaines de tangage, j’ai enfin senti l’air du large se changer en brouillard de quai. Un nouveau monsieur m’attendait : Mathieu, agent en logistique portuaire.
Il a ouvert notre conteneur, vérifié des documents, contrôlé les scellés. Tout y était. Il a dit que le café vert, c’était comme de l’or pour les torréfacteurs. Alors pas question de perdre une seule palette.
🏢 Mûrir chez le transporteur
Avant d’atteindre ma destination finale, on m’a conduit dans un grand entrepôt chez Memphré. Frais, propre, calme. J’y ai rencontré François, le superviseur d’entrepôt, qui m’a expliqué que les grains comme moi doivent souvent passer un peu de temps ici au calme avant d’être livrés à la brûlerie.
« Tu vas prendre un peu de repos, t’acclimater. Tu vas même gagner en qualité pendant ce séjour chez-nous », m’a-t-elle dit en souriant.
Les conditions étaient optimales : pas trop chaud, pas trop humide, juste ce qu’il faut. Chaque lot était étiqueté, surveillé, prêt à partir à la minute où le torréfacteur Café William le demanderait.
Ici, je n’étais pas simplement stocké : j’étais préparé et choyé.
🚚 Direction la brûlerie
C’est là que Stéphane, le chauffeur de camion est entré dans ma vie. Il parle peu, mais il connaît chaque virage entre l’entrepôt et la brûlerie. C’est lui qui nous a livrés à l’artisan torréfacteur. Un grand atelier qui sentait déjà le bonheur du café chaud.
🔥 La métamorphose chez le torréfacteur
J’ai ensuite rencontré Arthur, le maître torréfacteur. Il m’a longuement observé. « Un bon arabica, ça se respecte », a-t-il dit en me pesant.
Il m’a fait tournoyer dans une machine qui gronde comme un volcan. En quelques minutes, je suis devenu brun, brillant, gonflé d’arômes. Il m’a goûté, m’a humé, m’a classé. J’étais prêt pour ma dernière ligne droite.
📦 Du torréfacteur aux commerçants : un dernier voyage
Je croyais avoir tout vu. Mais Arthur m’a emballé, scellé, étiqueté. « Tu vas faire ton entrée chez les marchands », a-t-il dit, un brin ému. Et me voilà à nouveau sur la route, prêt pour ma dernière tournée logistique.
C’est à nouveau Stéphane de chez Memphré qui est venu me chercher pour m’amener chez un grossiste. Puis, après un autre transport, je me suis retrouvé sur l’étalage d’un beau magasin, spécialisé dans la vente de café. Maintenant, j’attends simplement de me retrouver dans une tasse pour effectuer mon ultime voyage, gustatif celui-ci. Je vais pouvoir libérer toute ma saveur et montrer qu’elle n’a rien perdu de sa puissance durant tout ce temps grâce à toutes les personnes qui ont su prendre soin de moi à travers ce périple incroyable.